La République nous appelle...!
28 avr. 2017Mon copain berger et artiste (Ecole des Beaux Arts de Paris). Il vit avec sa famille dans un endroit reculé des Pyrénées.
Vendredi 28 avril 2017
En voyage.
Je suis en voyage. J'ai nuité à Montpellier. En fait mon hôtel low cost était situé dans une zone commerciale à proximité de l'autoroute. Ces hôtels, nouvelle génération, ont été construits là où personne ne veut habiter, sous une ligne à haute tension, très proche de l'autoroute, un centre commercial. Ces hôtels sont les HLM du tourisme. L'hôtel Formule 1 qui m'a accueilli, était propre, mais sans douche ni serviette de bain. pas même un gobelet pour se laver les dents. le seul confort c'est le lavabo, l'internet et la télévision pour une redevance de 30 euros. Que peut-on espérer de plus pour 30 euros ?
Ce matin j'ai vu à la télé des jeunes lycéens qui manifestaient dans la rue : "ni Macron, ni Le Pen" étaient leurs slogans. C'est beau d'être jeune, mais ils sont quand même très ignorants de la réalité sociale. Je sais que "dire du mal" des jeunes passe mal. Mais quand même, ils devraient savoir que dans notre démocratie française, depuis la constitution de 1958 nous devons choisir notre futur président. Cela me fait penser à Mai 68 avec la révolte de la jeunesse. Un révolte plus qu'une révolution.
Ce soir, je suis invité chez mes amis berger et bergère, avec leurs centaines de brebis et leurs vaches. J'aime renouveler régulièrement ces visites. Ils ont quitté la ville pour élever de la viande sur pattes. Ils sont isolés dans les Pyrénées, à 40 minutes de tous commerces. Un autre monde de verdure et d'espace. C'est simplement beau.
23 avril 2017, jour de l'élection présidentielle
Pour moi, le 27 avril 2017 restera un jour plein. D'abord, mon candidat est maintenant en piste pour le deuxième tour de l'élection. Il arrive en premier et, comme il devrait obtenir un bon report de voix, les chances sont de son côté pour être le prochain président de la république.
Comme d'habitude, on mesure la valeur d'un président de la république à l'usage. Quelques années plus tard, les historiens analyseront, commenteront sa place dans l'histoire du pays. Pour le moment, je n'ose pas encore imaginer dans quel état sera la France dans 5 ans.
Mais le deuxième temps fort de cette élection du 23 avril 2017 a été ma participation au scrutin en qualité d'assesseur représentant le candidat Macron. On m'a assigné le bureau 102 de Cannes. A 7h15 j'étais là devant la grille fermée du local où devait se tenir le scrutin. Normalement l'équipe qui gère le scrutin doit mettre tout en place pour que l'élection commence à 8 heures tapant. J'étais là, mais tout seul ! Et puis les choses se sont faites, le gardien a ouvert la grille et les membres du bureau ont fini par arriver, sauf un, le plus important : le Président. Nous avons connu un moment de flottement, pour ne pas dire de panique. Le service des élections de la mairie n'ayant aucune information concernant le Président absent, il nous a été demandé de le remplacer. C'est inscrit dans le code électoral : en l'absence du Président c'est l'assesseur le plus âgé qui prend sa place. En matière d'âge, avec mes 72 ans bien sonnés, c'était moi !
Joli coup, à 7h55, Alinos, qui n'a jamais participé à un scrutin se retrouve parachuté Président. Je ne pouvais pas échapper à mon sort. L'élection devait se tenir et les électeurs attendaient déjà derrière la porte vitrée encore fermée, Je n'ai pas été autorisé à m'échappé. Alinos, bien cravaté pour l'occasion, était le nouveau Président de séance. La mairie de Cannes a fini par dénicher un ancien maire de la Seine et Marne à la retraite pour pour prendre la place de Président. Il n'est pas arrivé avant 10 ou 11 heures. Avec l'affluence que l'on a connue, je n'ai pas regardé ma montre.
Au final tout s'est bien passé, je n'ai pas eu à ouvrir le code électoral pour régler un problème. Le Président en titre, une personnalité agréable, a géré les opérations du scrutin avec efficacité, une carrière de maire, cela se s'oublie pas. Nous nous sommes remplacés pendant la journée car les bureaux de vote des grandes villes sont ouverts de 8h à 20h.
Je me suis aussi amusé en mettant un peu de solennité à la tenue de l'élection en disant à haute voix au moment du vote "ELECTEUR OU ELECTRICE (suivi de son numéro d'enregistrement)" en regardant le votant droit dans les yeux. Habituellement on entend le Président donner, à mi-voix, le numéro de la carte d'électeur à son assesseur afin d'identifier l'électeur sur la feuille d'émargement. Mettre un peu de formes m'a semblé républicain. Cela a bien marché. J'étais ravi de mesurer la surprise et l'amusement dans les yeux des électeurs.
Notre bureau s'est aussi distrait en serrant la main, avec une attention particulière, aux primo-inscrits sur la liste électorale. Les personnes très âgées, aussi, étaient particulièrement félicitées pour leur esprit républicain. Nous avons eu la satisfaction de faire voter une dame qui venait de célébrer ses 100 ans, accompagnée de son aide-soignante. Dans ma description, je ferais mal de ne pas mentionner un jeune électeur accompagné de son éducatrice; les élections, peuvent, aussi, être un outil d'insertion.
Cette journée m'a été bénéfique; c'est excellent pour le moral. J'ai vu durant toute cette journée défiler des électeurs et des électrices heureux de venir voter. J'ai envie de dire : si vous n'avez pas trop le moral, venez voter, vous irez tout de suite mieux.